Le 24 et 25 juillet 2025, Douala a vibré au rythme du froid. Mais pas n’importe lequel. Celui qui conserve les vaccins, protège les denrées, alimente les chaînes de valeur… et pourtant reste dans l’ombre. Grâce à l’Association des Professionnels du Froid et de la Climatisation du Cameroun (APFCC), ce secteur vital est enfin sorti de l’anonymat pour occuper le devant de la scène à l’occasion de la cinquième édition de la Journée Mondiale du Froid.
Lassané OUÉDRAOGO
Deux jours pour reconnecter technique, climat et dignité professionnelle
Expositions, conférences-débats, rencontres et foires… Ce rendez-vous a rassemblé des techniciens en quête de reconnaissance, des étudiants curieux, des décideurs engagés, et des citoyens concernés. Tous réunis autour d’un même constat : le froid est stratégique pour le Cameroun, mais il est encore sous-structuré et sous-estimé.
Des réalités qui refroidissent… et appellent à l’action
L’événement a mis en lumière des défis concrets et profondément humains :
- Le savoir-faire se transmet trop souvent par l’apprentissage informel, faute d’un cadre national reconnu.
- Les centres de formation manquent d’équipements modernes, et les programmes peinent à intégrer les nouveaux enjeux climatiques et technologiques.
- Les techniciens n’ont pas toujours accès aux fluides frigorigènes naturels ni à l’outillage requis pour une pratique respectueuse de l’environnement.
- L’accompagnement des fabricants est encore trop rare lors de la mise en service des équipements.
Ce que les professionnels demandent : une montée en compétence à la hauteur des défis climatiques
Les recommandations issues des échanges sont claires, ambitieuses et porteuses d’avenir :
- Moderniser les centres de formation et les équiper convenablement.
- Former en amont les formateurs sur les technologies émergentes et les normes de sécurité.
- Repenser les contenus pédagogiques à l’aune de la transition énergétique et climatique.
- Soutenir les associations professionnelles à travers des mécanismes financiers comme le Fonds Multilatéral pour l’Ozone.
- Instaurer une formation continue pour valoriser les compétences des techniciens déjà en activité.
- Sensibiliser davantage aux impacts environnementaux des équipements.
- Réviser les politiques douanières pour faciliter l’accès aux outils de froid et de climatisation écologiques.
Une vision panafricaine portée par U-3ARC
Présent tout au long de l’événement, Madi Sakandé, président de U-3ARC, a souligné l’importance d’un dialogue continental autour de la professionnalisation du froid et de la climatisation. À côtés, des rencontres stratégiques ont eu lieu, notamment avec un représentant du Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, illustrant le désir croissant de collaboration entre institutions et acteurs de terrain.
« Cette filière n’est pas secondaire. Elle est vitale. Elle mérite reconnaissance, structuration, et innovation. » Madi Sakandé