En abordant ce sujet, j’ai eu une pensée pour l’Afrique, surtout l’Afrique au sud du Sahara qui malgré les potentialités énormes en matière d’énergie solaire souffre d’un déficit criard en électricité. Nous sommes tous unanimes sur l’importance de l’énergie pour faire fonctionner toutes les industries dans le monde entier notamment en Afrique.
Par Me FONJU Bernard FUELANCHA, Avocat au Barreau du Cameroun Avocat d’Affaires, Ancien Assistant Juridique TPIR, MEMBRE de la CIB
Il est admis que la stagnation ou mieux, le sous-développement est attributaire du manque d’énergie sur le continent. Pour illustrer cette assertion, nous allons prendre un seul cas, où le manque de réfrigération a causé des lourdes pertes d’une société camerounaise.
Lors des quatre premiers mois de 2023, la société CONGELES DU CAMEROUN en abrégé (CONGELCAM) a importé près de 3000 conteneurs frigorifiques de poisson pour être stocké dans la Régie du Terminal à Conteneurs (RTC) du Port Autonome de Douala (PAD). Courant juin de cette année-là, la RTC se sentant débordé, a dû débrancher les conteneurs frigorifiques contenant du poisson de la société CONGELCAM. Sur les 633 conteneurs frigorifiques, 600 conteneurs contenant du poisson frais se sont détériorés et le rapport du Ministre de la Santé Publique du Cameroun conclu : « Le rapport de la mission d’inspection et de contrôle effectué par les équipes techniques de mon département ministériel à la régie de terminal à conteneurs (RTC) fait état des températures de conservation non satisfaisantes des produits halieutiques importés par votre société ». Ceci, pour indiqués que le poisson était impropre à la consommation et partant il fallait détruire les 600 conteneurs, pire au frais de la société CONGELCAM. Il faut noter que la société CONGELCAM contrôle 80% du marché local des produits halieutiques importés et à seulement pour le mois de Février 2023 importée pour le parc de la RTC de 626 conteneurs de produits frigorifiques ce que cette dernière a qualifiée de « SATURATION » de son parc.
Des pertes colossales dues au déficit de la production énergétique
La société CONGELCAM a déploré une perte de près de 13 milliards de f CFA du fait, selon eux, de RTC et du PAD. Or la RTC déclare avoir pris toutes les mesures nécessaires pour éviter le pire, notamment en louant des groupes électrogènes, afin d’accroitre sa capacité de branchement de 210 à 730 prises. Aussi, pour mieux comprendre cette difficulté, il y a lieu de noter qu’à l’époque des faits, la Régie du Terminal à Conteneurs du Port Autonome de Douala était la structure ayant le monopole de la réfrigération des produits halieutiques au Cameroun. Cet imbroglio a finalement poussé CONGELCAM à diriger désormais ses conteneurs vers le Port Autonome de Kribi (PAK) qui se trouve à plus de 300 km de la ville de Douala, causant ainsi un manque à gagner à la RTC. L’exemple ci-dessus est le fait le plus récent au Cameroun qui illustre, à suffisance, le rôle de la réfrigération dans l’économie d’un pays. Ici, nous n’avons mentionné que le cas d’un secteur : celui des produits de mer et un seul pays à savoir le Cameroun. Dans le cas suscité, pour cause d’absence de réfrigération adéquat, une seule société a causé une perte de plus de 13 milliards de f CFA pour le seul mois de février 2023. Imaginons des cas pareils dans d’autres secteurs d’activité comme la conservation des produits alimentaires, des produits agricoles et autres.
Un potentiel énorme, mais inexploité
Compte tenu de la consommation énergétique actuelle, il est admis que le désert du Sahara a le potentiel d'alimenter le monde entier en énergie. Il peut transformer l'Afrique en superpuissance solaire.
Si juste une part de 0,1 % du désert du Sahara était recouvert de panneaux solaires pour capter l'énergie. La production énergétique suffirait à alimenter toute l'Afrique. Aussi, environ 0,3 % de l'énergie solaire du Sahara suffirait à alimenter toute l'Europe. Enfin, si 1,2 % du désert du Sahara était exploité pour produire de l'énergie, cela suffirait à satisfaire la demande mondiale.
Comment comprendre qu’avec toutes ces potentialités énergétiques, dont l’Afrique est dotée, que la climatisation, le froid et la réfrigération soient encore un luxe pour 77% d’Africains ? Si ce défi énergétique est surmonté, l’Afrique connaitra son essor économique non seulement dans le domaine du froid et réfrigération, mais dans plusieurs autres domaines. A nous Africains, à nous surtout spécialistes et amoureux de l’éclosion du domaine du froid, de relever le défi énergétique pour un continent plus conquérant.